Forum test d'αelis ☆★
 
Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

Partagez

Akane

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
AuteurMessage
AlphaElis
Messages : 83
Admin
AlphaElis
MessageSujet: Akane Akane EmptyMar 29 Nov - 19:18
« Akane »


La lune pleine montait dans le ciel alors que toute lumière du soleil s’était éteinte. Noire, cette nuit était noire. Comme son désir de vengeance, empoisonnant son cœur au point de le transformer en charbon. Mais une fois qu’elle aurait disparue, il pourrait enfin redevenir comme avant. Avant ces meurtres. Ses souvenirs remontaient jusqu’à ses yeux, laissant entrevoir la tristesse. Des larmes. « Non, tu ne peux pas pleurer. Pas tant que ce désir restera dans ton cœur. » Elle ne pouvait pas se le permettre, pas maintenant. Ce ne serait qu’une fois qu’elle se serait vengée qu’elle pourrait enfin dépasser ces évènements, recommencer à vivre. La main sur son cœur, serrée, elle ne cessait de penser à ce meurtre… Ces meurtres en réalité. Ce jour où les pétales de cerisiers s’étaient teints de rouge, un rouge écarlate. Un rouge poisseux au goût de fer. Ce jour où tout avait changé pour elle. « Tu ne peux pas pleurer. Pas maintenant. Tu ne dois pas. » Elle regarda alors son reflet dans le miroir : une fille aux cheveux noirs, longs, ses grands yeux étrangement bleus pour une japonaise. Un magnifique bleu ciel, pourtant teintés de noirceur. Combien de fois avait-on vanté cette beauté ? Beaucoup de fois. Elle était encore jeune, et pourtant triste. Triste parce qu’elle avait tout perdu : jusqu’à sa propre identité. Son visage, fin et pâle, était sans imperfection hormis un petit grain de beauté au coin de sa bouche, à droite. Une larme coulant le long de sa joue, encore enfantine. Elle se regarda alors droit dans les yeux, l’air sévère. Ses sourcils, un peu épais, s’inclinèrent pour lui donner un air plus sombre. Un soupir, avant de prendre entre ses mains un vieux peigne en bois. Aucun nœud dans ses cheveux, lisses, qu’elle attacha, laissant ainsi paraître sa faible poitrine. Sur le petit meuble en bois, une bande de tissus qu’elle enroula autour de ses hanches avant d’enfiler son hadagi. Cette petite chemisette était en soie, un signe de richesse. Prenant le nagajuban blanc pour l’enfiler, elle remarqua une petite tâche écarlate au niveau de la poitrine : le kimono qu’elle devait porter ne laissant paraître que les chevilles lorsqu’elle marchait et le col, elle décida de ne pas en changer. Une fois le contrefort glissé dans le col de son nagajuban, elle enfila enfin cette combinaison tout en laissant sa nuque dégagée : un détail important dans le cadre de son travail. Elle noua son nagajuban avec une fine ceinture pour placer une seconde ceinture plus large. Les sous-vêtements étaient souvent complexes à enfiler, mais elle avait l’habitude depuis tant d’années passées à mettre des kimonos. Elle saisi par la suite le kimono rouge, en soie, décoré de fleurs dorées. Étant encore jeune mais confirmée, elle pouvait se permettre de porter des couleurs vives. Pliant le surplus de tissus au niveau de la taille, elle se rendit compte qu’elle avait oublié de préparer son obi, et elle ne pouvait se permettre d’oublier ceci. Une fois le long tissus préparés et son kimono attaché, elle noua son obi : elle n’avait nul besoin d’être assistée, elle devait simplement savoir ce qu’elle faisait. Elle devait être délicate, douce comme une fleur de printemps, tout en restant forte. Plus forte qu’une simple femme. Sa tenue était parfaite, irréprochable. Comme elle devait l’être. Parfaite pour cette fin joyeuse qu’elle s’accorderait après cette vengeance à laquelle elle ne cessait de penser. Une fois son visage et sa nuque fardés de blanc, elle maquilla ses joues d’enfant de rose et rempli ses lèvres d’un magnifique rouge mettant ses yeux bleus en valeur. Une fois ses sourcils retracés avec son bâtonnet de charbon, elle fit appelle à une jeune maiko qu’elle avait prise sous son aile.

« Yukina, pourrais-tu appeler le coiffeur ? Je ne peux sortir ainsi. »

La petite s’exécuta. Pendant ce temps-là, la jeune femme presque entièrement préparée se regarda dans le miroir. Elle avait le regard sombre, presque révélateur de ses intentions. Cependant elle devait cacher tout cela, être parfaite pour ce jour. Délicate et forte. Elle inspira, expira, se détendit. C’était un grand jour. Elle se devait de jouer un rôle, certes, mais certainement plus pour longtemps. S’échauffant la voix, elle commença ainsi à parler seule, doucement.

« Les larmes des femmes sont de précieux joyaux. Ainsi les femmes se doivent d’être fortes à l’intérieur et de ne pas donner ces joyaux à n’importe quel homme. À l’extérieur, une femme se doit d’être douce et délicate, car elle est une femme. »

Tous les jours elle se devait de répéter ces mots avant de repenser à ce drame. Elle avait échappé à la mort malgré tout, et devait continuer à vivre pour eux. À vivre pour les venger. Elle observa l’extérieur avec un regard rempli d’une profonde tristesse, tout en s’asseyant sur ses genoux : elle vivait dans une superbe maison, était protégée comme le plus précieux des trésors. Car elle était la plus talentueuse de Kyoto, la plus talentueuse des geiko. Cela faisait alors cinq ans que sa vie avait changée, elle qui avait été recueillie par une grande famille suite à ce drame. Des proches à qui elle devait beaucoup, mais à qui elle ne pouvait accorder une confiance absolue car ils étaient proches de ces hommes d’après les rumeurs. Elle devait jouer son rôle de geiko au sein de cette famille et distraire les invités comme une sorte de servante, mais elle savait un jour que ces hommes reviendraient au Japon. Les pétales de cerisier avaient bien tombés depuis ce temps, les jours s’étaient écoulés, et elle ne pensait qu’à eux. Son mari et sa fille. Elle avait été une bonne mère, attachée à son enfant et fidèle à son époux. Regardant le ciel, elle se souvient de ses caresses, de ses baisers… Mais tout était fini. Tout. Lui et son enfant était mort, ainsi que tous ses frères et sœurs. Toute sa famille en réalité, mais la plus lourde des pertes fut celle de celui qu’elle aimait et de son enfant. Elle avait tout arrêté pour vivre avec lui, tout arrêté pour avoir son enfant. Tout ce qu’elle souhaitait était de vivre heureuse même si elle était enchaînée à un homme, même si elle devait tout lui céder. Car elle lui appartenait, il pouvait faire d’elle ce qu’il voulait car elle lui appartenait, entièrement. Car elle l’aimait, passionnément, même à travers la mort. Elle ne pouvait l’oublier, lui et son enfant. C’est pour cela qu’elle devait se venger de ces hommes : ils lui avaient retiré tout son bonheur, tout ce qu’elle avait pu avoir auparavant. Les pétales de cerisier avaient beau tomber comme la neige, le temps avait beau passer avec les saisons, elle ne pouvait oublier ce qu’elle avait subi au cours de ces cinq dernières années.

« Grande sœur, le coiffeur est arrivé ! »

La geiko l’invita à entrer dans sa pièce tout en restant de dos, face à la fenêtre. Elle ne savait combien de temps s’était écoulé depuis ses derniers mots, et elle ne pouvait compter le temps qui s’écoulait à présent. Le coiffeur exécuta son travail, tirant les cheveux noirs de la jeune femme. Sa coiffure devait rester toute une semaine et elle savait que ce coiffeur était connu pour la qualité de son travail. Sa « petite sœur », la maiko, lui en avait elle-même parlé. Le coiffeur reparti après un long travail afin de travailler les cheveux de la geiko, la jeune maiko étant chargée de lui verser ce que la geiko lui devait à chaque fois qu’il venait. C’était devenu une habitude pour la jeune Yukina, la fille de ceux qui avaient recueilli la geiko. Elle avait bien grandie, et lui rappelait sa fille bien qu’elle était plus âgée que son enfant. Elle avait ce même comportement maternel envers elle, la mère de la jeune enfant étant morte en couche. Son sourire, sa bonne humeur constante et son énergie… Elle aurait tant aimé que son enfant soit ainsi, mais elle n’a jamais eu le temps de la voir grandir. Lorsque la jeune Yukina revint, la geiko se leva, délicatement.

« Grande sœur, vous semblez tellement triste… Qu’est-ce qui peut donc vous peiner ainsi ? »

La geiko regarda la jeune fille après s’être retournée, délicatement. Elle ne pouvait en parler à la jeune enfant, ne devait pas l’inquiéter.
Revenir en haut Aller en bas
https://hellish-graveyard.1fr1.net

Akane

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Hellish Graveyard :: Érèbe :: Avant propos...-